Son portrait doit dater des années 1890, il avait donc une cinquantaine d’années.
Né à Decazeville en 1840, il est le fils de Napoléon Alexandre Bos et de Julie Richard, c’est mon arrière grand-père.
Mon père Maurice Bos connaitra à peine son grand père qui meurt en 1900 alors que son petit fils n’a que cinq ans.
Une seule chose dont m’avait parlé ma mère : il avait été Maire de Decazeville. A quelle date ? dans quelles circonstances ? … je ne savais à peu près rien de lui il y a quelques années.
Tout d’abord je remercie mes cousins Bos, Françoise et François Bos qui m’ont transmis les documents en leur possession et m’ont raconté les souvenirs que leurs parents et grand-parents leur avaient laissés.
Enfin je suis allée à Decazeville et j’ai pu voir la façade de la maison Bos, place Wilson, anciennement place de l’Eglise.
Sur la porte d’entrée on peut encore voir les initiales entrelacées de mon arrière grand-père : AB
Puis j’ai cherché la fameuse avenue Alexandre Bos dont on m’avait parlé. Elle se situe derrière l’église assez voisine de la Maison Bos.
Par hasard nous avons poussé la porte d’un bureau de tabac-journaux et j’ai découvert le livre de Pierre Poujol sur l’histoire de Decazeville. Hélas ce livre est maintenant épuisé mais je vais m’en servir cependant pour vous raconter l’histoire d’Alexandre Bos.
En 1857 il a dix sept ans et il fonde la Maison Alexandre Bos : une distillerie et une épicerie, dont on peut apercevoir la bâtisse sur ce document.
Jean-Jacques Jouffreau auteur du livre l’Aveyron 1900-1920, mémoire d’hier raconte au sujet d’Alexandre Bos :
« Ce spécialiste d’apéritifs et liqueurs a vu ses produits parcourir le monde et récolter nombre de récompenses. Ses spécialités La vraie Rivale, une liqueur de dessert et le quinquina Barsac, un apéritif doux. Alexandre Bos participa à de nombreuses expositions universelles : à Paris en 1889 mais à la Nouvelle Orléans en 1885, à Tunis en 1887, à Barcelone en 1888. De tous ses voyages il rapporta une trentaine de médailles d’or, vermeil, argent et bronze. Il fut même membre de jurys. »
En 1900 Firmin Bouisset célèbre pour ses affiches Lu et Chocolat Menier, réalise une affiche pour les liqueurs d’Alexandre Bos.
La Maison Bos avait aussi une épicerie : vinaigre, grains, farines, sucre et sel.
En 1863, à 23 ans, il se marie avec Marie Ange Salesses et c’est je pense à cette époque qu’il commence à s’intéresser à la politique. Sa femme est une cousine de Jules Cayrade qui va devenir Maire de Decazeville, c’est un républicain dans cette toute jeune IIIe République, ami de Gambetta. C’est la première fois que le Maire de la ville n’est pas un des directeurs de la mine. Je reviendrai bien sûr sur la personnalité de Jules Cayrade, appelé le médecin des pauvres, élevé à Sorrèze et cependant républicain convaincu. Alexandre Bos était lui aussi républicain et athée, sûrement franc-maçon au regard de la sépulture qu’il a dû faire construire au cimetière de Decazeville. Le caveau est surmonté d’un sphinx, d’étranges vitraux ornent ce caveau qui tout au moins ne comporte aucun signe religieux.
Mais revenons à sa vie politique, il devient conseiller municipal en 1876 puis premier adjoint de Jules Cayrade en 1878. Il a 38 ans. Le 30 avril 1882 Jules Cayrade est réélu Maire, Alexandre reste son premier adjoint. Sur un document récupéré à la mairie de Decazeville je me suis aperçue que bon nombre d’élus sont parents avec nous : Emile Nègre, Jacques Moulinou, Adolphe Puechagut, Marcellin Couly. Figure aussi dans la liste des conseillers Auguste Baudis arrière grand-père de Dominique Baudis (qui deviendra Maire de Toulouse après son père Pierre) mais là je n’ai pas trouvé de parenté.
Dans ces années là la municipalité prend la décision de construire l’Hôtel de Ville, mais aussi l’école communale, le marché couvert, le lavoir, la place de l’Eglise.
Pierre Poujol dans son livre Decazeville Une histoire d’hommes Des origines à 1940 parle de cette municipalité comme étant « très amie des ouvriers ». Les mineurs se sentent soutenus lors des grèves et quand éclate celle de 1886 Jules Cayrade se démène pour aider les mineurs. Aussi quand l’agitation monte le Maire et les élus pensent pouvoir calmer les choses. Hélas un des ingénieurs de la mine, M. Watrin, est défenestré par la foule. Je consacrerai plus tard un article sur cette affaire qui aura, je suis sûre, des conséquences douloureuses pour mon arrière grand-père. Tout d’abord Jules Cayrade mourra la même année après un procès retentissant où il sera mis au banc des accusés. Alexandre Bos sera témoin dans cette affaire et après la mort de Jules Cayrade lui succèdera à la Mairie de septembre 1886 au 20 mai 1888.
Ces deux années il va continuer l’oeuvre de Jules Cayrade, mais un accident tragique va marquer son mandat : un ouvrier tombe de l’échafaudage de la Mairie en construction.
En 1888 Alexandre Bos ne se présente pas à la Mairie mais devient conseiller général républicain de l’Aveyron remportant une large victoire : 2202 voix contre 1086 à son adversaire. Il restera conseiller général jusqu’à sa mort en avril 1900.
Je sais peu de choses sur sa vie familiale, il a donc eu trois fils Georges né en 1864, mon grand père, Louis qui sera lui aussi Maire de Decazeville plus tard et pendant quinze ans et Jules qui mourra en bas âge. Françoise Bos, petite fille de Louis m’a raconté une anecdote au sujet d’Alexandre. Il avait des bateaux qui transportaient des marchandises sur le Lot, il avait baptisé ces deux bateaux : « Madeleine -André » et « Jean Maurice » du nom de ses premiers petits enfants.
En 1887 il achète La Bourélie à Brens près de Gaillac pour son fils aîné Georges et la raison sociale de la société qu’ils vont former s’appelle » Alexandre Bos et Fils ».
Pour parfaire son portrait je ne peux passer sous silence Marie Ange Salesses, sa femme, qu’on appelait Angèle et qui apparait dans le livre de Pierre Poujol comme une femme travailleuse, bonne, accueillante et généreuse. Elle fut aussi très maternelle et très affectueuse avec ses enfants et petits enfants. Elle était aussi très catholique, ce qui est assez courant chez les femmes de cette famille; car si les hommes étaient athées ils épousaient de bonnes catholiques. Enfin pendant la guerre de 1914 elle verra partir à la guerre quatre de ses petits enfants et chose exceptionnelle ils reviendront tous. Mon père qui n’était pas croyant a malgré tout pensé qu’ils étaient tous revenus grâce aux prières de leur grand mère. Peut-être aussi grâce aux lettres et paquets qu’elle leur envoyait pour qu’ils gardent le moral, lettres dont parle mon père dans les courriers conservés.
Il est aussi à noter qu’Alexandre Bos est promu Chevalier de la Légion d’honneur quelques mois avant sa mort, la décoration devait lui être remise par Emile Maruéjouls (qui sera ministre dans le ministère Combes quelques années plus tard). Il était un de ses amis et aussi un cousin par alliance.
Vous pouvez consulter le dossier concernant la Légion d’honneur d’Alexandre Bos sur la base leonore, où il est émouvant de retrouver son écriture et signature.
Il était aussi vice-président de la Chambre de Commerce de Rodez.
Je reviendrai sur le portrait d’ Alexandre et de sa famille dans d’autres articles notamment à propos de l’affaire Watrin et quand j’aborderai l’histoire de Decazeville.
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